La HAS (Haute Autorité de Santé) a récemment déclaré que pour 10 patients il arrive 1 évènement indésirable associé aux soins (EIAS). Comparer ces chiffres à ceux de l’aviation ou de la sécurité routière fait froid dans le dos… Qu’est-ce qu’un EIAS ? Comment essayer de maîtriser les risques ? STAN Institute se penche aujourd’hui sur ce problème.
La loterie macabre
Chaque fois qu’on prend un billet d’avion, on a 1 « chance » sur 3 millions d’être victime d’un accident aérien mortel. En effet, même si 2014 fut une année « noire » en aéronautique, l’IATA (Association Internationale du Transport Aérien) n’a dénombré que 12 accidents avec décès sur les 38 millions de vols dans le monde.
Au 1er janvier 2015, le parc automobile français est estimé à 38 millions de véhicules. Sur la route, en 2014 le Ministère du Développement Durable a recensé 58 191 accidents dits « corporels », pour lesquels on compte 73 048 blessés et 3 384 personnes tuées.
Le décompte de la HAS dans le milieu médical montre pour sa part que 1 évènement arrive pour 10 patients soit un taux de 0,1.
Qu’est-ce qu’un EIAS ?
Les EIAS recensent l’ensemble des aléas provoquant un désagrément au patient, désagrément pouvant aller de la simple insatisfaction du patient au trouble catastrophique ayant des conséquences irréversibles. En d’autres termes, les EIAS englobent un large éventail d’incidents et d’accidents, classés en 5 niveaux, dont seul celui dit « catastrophique » a des conséquences comparables aux accidents mortels qu’ils soient aériens ou routiers. Le détail des données concernant ce niveau d’EIAS n’est malheureusement pas communiqué.
Les différents niveaux de gravité d’un évènement indésirable associé aux soins (EIAS)
Quels sont les moyens de prévention ?
Pour atteindre un haut niveau de sécurité aérienne, l’Armée de l’Air a mis en place des pratiques telles les RETEX (RETour d’EXpérience) et les GVQ (pour « j’ai vécu »). Le GVQ est un forum permettant aux professionnels de l’aéronautique de défense de partager anonymement leurs expériences, non seulement avec leurs pairs, mais également avec leurs grands commandeurs. D’un point de vue pédagogique, en complément d’une formation, le GVQ représente désormais une formidable base de données recensant les pièges dans lesquels il convient d’éviter de tomber. Cette démarche n’aurait pas eu tant de succès si elle ne s’était pas accompagnée d’une politique de dépénalisation de l’erreur. Cette approche consiste à interdire toute sanction professionnelle à une personne ayant commis une erreur (écart involontaire) et l’ayant signalée.
Du côté médical, voici quelques mesures prises par la HAS :
-Des questionnaires pour améliorer la culture de sécurité (rapport de 2010),
-Les REX (Retour d’EXpérience) et RMM (Revue de Mortalité et de Morbidité) afin de recueillir ces évènements indésirables, en faire le point, les partager, analyser les pratiques et ainsi prévenir de nouveaux évènements similaires,
-Le PACTE (Programme d’Amélioration Continue du Travail d’Equipe) qui permet de sensibiliser les équipes au travail collaboratif entre les professionnels et améliorer le travail d’équipe.
La HAS incite également les soignants à impliquer le patient. Ce type de démarche met en avant la problématique du consentement éclairé, qui fera prochainement l’objet d’un article sur le site de STAN Institute.
Ces mesures permettent certainement de réduire notamment les EIAS et ainsi d’améliorer la sécurité et la qualité des soins du patient. Saluons ces démarches fort pertinentes, et gageons qu’elles ne constituent que les premières étapes d’une approche sécurité ne demandant qu’à s’émanciper.
“L’homme et sa sécurité doivent constituer la première préoccupation de toute aventure technologique.”
Albert Einstein
Sources :
http://www.iata.org/pressroom/pr/Documents/french-PR-2015-03-09-01.pdf
http://www.notre-planete.info/ecologie/transport/placeauto.php#
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Ref_-_les_comptes_des_transports_en_2014.pdf