Formation à la chirurgie robotique

Des experts se réunissent et proposent des résolutions

Saviez-vous qu’il n’y a aucune obligation légale à se former à la chirurgie robotique ? Autrement dit, n’importe quel chirurgien peut s’assoir à une console de robot da Vinci et opérer. Il n’y a aucune obligation de formation… Prendriez-vous un avion dont le pilote n’a pas de licence de vol ?

Le 13 novembre 2015, un panel d’experts de la chirurgie robotique s’est réuni au sein de l’académie nationale de chirurgie (ANC) pour débattre sur la formation en chirurgie robotique :
• le professeur Jacques Marescaux de l’IRCAD
• les professeurs Jacques Hubert et Laurent Bresler de l’École de Chirurgie de Nancy
• les professeurs Xabier Cathelineau et Guy Vallancien de l’École Européenne de Chirurgie
• Messieurs Beghiti et Guerrier de la HAS
• le docteur Denis de Valmont de SHAM
• M. Allioux de la CNAM

Les conclusions principales mettent en avant des besoins fondamentaux :
Il faut se caler sur le protocole de formation à la chirurgie robotique élaboré par les équipes de Nancy.

Il est impératif de prévoir l’arrivée de nouveaux robots.

Il n’est pas utile de multiplier les centres de formation, il faut se contenter de quelques centres experts de formation bien équipés en matériel et en personnel et développer les registres.

Les principes conducteurs de la chirurgie moderne assistée par ordinateur, et par conséquent robotique doivent être les suivants :
Savoir opérer
Connaître les machines utilisées
Être convaincu de la nécessité du partenariat avec les industriels
Conserver son éthique et son indépendance en évitant tout conflit d’intérêts
Justifier scientifiquement les évolutions thérapeutiques choisies pour convaincre les décideurs économiques et défendre les chirurgiens mis en cause par l’intermédiaire de la HAS

Des conclusions aux résolutions

dv-Traine-Mimic-ANC-STAN-InstituteLa formation en chirurgie robotique assurée actuellement par les industriels n’a pas de base légale. Celui-ci a simplement pour obligation, comme tout fabricant de matériel, d’expliquer son fonctionnement à un acquéreur. Cette formation, trop courte si l’on se réfère aux résultats publiés, ne comporte aucune évaluation des capacités de ces chirurgiens à utiliser le robot. Il est du rôle des sociétés savantes et des universités de contrôler cet enseignement et l’évaluation des équipes utilisatrices de ces nouvelles technologies, en partenariat avec les industriels. La formation en chirurgie robotique peut être assurée soit par des écoles publiques, soit par des écoles privées, en étant conscient de l’importance du coût du matériel nécessaire. Il apparait que ce coût ne peut être assumé par les seules finances des universités et que des partenariats sont nécessaires avec des entreprises privées, pour les écoles publiques.

La chirurgie robotique est mise en œuvre par des chirurgiens et leurs équipes et leur formation comporte 5 volets :

1 – La formation chirurgicale de base relève de toutes les écoles de chirurgie.

2 – La formation élémentaire à l’usage d’un « robot » est commune à toutes les spécialités utilisatrices des robots. Elle est validée par un document attestant de la participation du chirurgien à la formation élémentaire, apprentissage de la machine, des gestes avec des mises en application sur simulateur et sur robot en « dry » et « wet lab ». Cette étape de la formation doit être conclue par une évaluation.

3 – La chirurgie robotique est caractérisée par la distance physique établie entre le chirurgien et le champ opératoire, ainsi que par la disparition de la communication visuelle avec le reste de l’équipe. Une formation des autres membres de l’équipe chirurgicale (team training) est par conséquent indispensable.

4 –  La formation clinique spécifique à chaque spécialité se fera dans des centres équipés de « robots » et disposant de « proctors » (« Advanced Courses »).

5 – La chirurgie est un apprentissage permanent qui nécessite un maintien de compétences tout au long de sa pratique. La question de la recertification telle qu’elle est imposée aux pilotes d’avion après une période d’inactivité ou lorsqu’ils n’ont pas une pratique régulière n’existe pas actuellement en Médecine. Il est vraisemblable qu’à l’avenir le développement des simulateurs permettra aux chirurgiens soumis à des situations similaires de rafraîchir ou de maintenir leur technicité.


Recommandations de l’ANC suite à la réunion du 13 novembre 2015